Hommage à Louis David

DAVID Louis (14 Juillet 1927 - 15 Octobre 2016)


Louis David nous a quittés le 15 de ce mois  à l’âge de 89 ans. Ce sont plus de 60 années de relations, à la fois professionnelles et amicales, jamais vraiment interrompues après notre cessation d’activité universitaire, qui se terminent pour n’être plus que des souvenirs.
Retracer ce que fût sa carrière, comme cela m’a été demandé véritable n’est pas chose facile tellement celle-ci est riche et diverse dans les fonctions et les activités qu’il a assumées. Je retiendrai surtout deux aspects qui lui tenaient à cœur, où nous retrouverons ses mêmes talents d’organisateur qui, souvent, font oublier qu’il fut aussi un chercheur. 
Tout d’abord l’enseignant-chercheur à l’Université Claude Bernard Lyon 1. Né à Lyon en 1927, il y fera ses études secondaires et supérieures; licencié es Sciences naturelles en 1948, il est recruté par le Professeur Marcel Thoral comme assistant au laboratoire de Géologie. Il entreprend alors une thèse de doctorat de terrain sur quatre feuille à 1/50 000 en Algérie, dans les Monts de la Haute Medjerda, aux confins de la Tunisie, thèse soutenue à Paris en 1956. Il est alors nommé  successivement, Chef de Travaux pratiques, Maître de conférences en 1959 (= Professeur de 2ème classe actuel), Professeur sans chaire, puis professeur titulaire en 1962-1963, en classe exceptionnelle de 1978 jusqu’à sa cessation d’activité en 1987.
Au sein de son université il sera plusieurs fois membre du Conseil de l’Université et assesseur du doyen de la faculté (1967-1970) et il fut élu président de l’Université Claude Bernard en 1981. Dans le cadre de la géologie lyonnaise il révéla pleinement ses talents et son intérêt pour l’organisation et le management; ainsi il fut un acteur du regroupement des laboratoires, alors séparés, au sein d’un même département de géologie et l’initiateur du Centre de paléontologie stratigraphique et paléoécologie, le LA 11, unité associée au CNRS, qu’il dirigera de 1963 à 1985. À mettre aussi à son crédit la création d’un véritable service  des collections avec ses annexes et leur modernisation par l’informatique, à l’occasion du  transfert  de la Faculté des Sciences du quai C. Bernard sur le Campus de la Doua.
Dans un autre domaine, il renouvela les anciens Travaux du Laboratoire de Géologie, devenus Documents du Laboratoire de Géologie, dont la parution a cessé il y a peu. Il lança aussi la revue paléontologique Geobios dont il fut longtemps rédacteur, devenue depuis une revue de rang international. Parallèlement il a siégé dans plusieurs instances nationales, la Commission du CNRS, dont il fût président, et le Conseil Supérieur des Universités qu’il présidât également.
Son empreinte dans l’Histoire du Musée d’Histoire naturelle de Lyon dont  L. David fut également directeur à partir de 1963; il en assurera sa direction jusqu’en 1999, bien après la cessation de son activité universitaire. C’est peu dire que de rappeler combien il a rajeuni cet établissement vénérable dès qu’il en eu la charge. Deux plaquettes parues en 1982 et 1998 richement illustrées (surtout la deuxième) en témoignent. Si la première (Histoire du Musée, 1772-1982) est surtout historique, la seconde (Histoire du Muséum de Lyon, 1998), parue un an avant son retrait est un véritable bilan de son action à la tête de cet établissement.
Dès sa prise de fonction, sa préoccupation première a été le rétablissement de collections dignes d’un grand établissement: préservation de ce patrimoine, inventaire informatisé, accroissement des collections par achats, dons ou  réalisation de grands chantiers de fouilles paléontologique (La Fage près de Brive ou l’ancienne carrière de pierre lithographique à Cerin-Marchand dans l’Ain etc).
Ensuite, leur mise en valeur à l’intention du public qui sera totalement repensée: sélection et présentation plus aérée des échantillons, étiquetage plus lisible, éclairage des vitrines et des grandes pièces exposées, etc). Dès 1967, est inaugurée une nouvelle muséographie de la Grande salle d’exposition permanente (qui sera revue jusqu’à 4 fois avant 1998), de la Galerie de Zoologie et de la salle de Géologie-Paléontologie, des sections Minéralogie et Région lyonnaise (revue en 1979); plus tard, ouverture de moindre durée d’une salle Protection de la nature (1970-1980), d’une nouvelle salle d’Ethnographie (1974-1983), de la salle d’Égyptologie en 1977, d’une salle annexe de la galerie de Zoologie, sur le Monde des Insectes, en 1991, sans oublier les nombreuses expositions temporaires.
En support de ces transformations et à l’image de ce qui avait été fait au Département de Géologie, sont réalisés les locaux techniques indispensables (salles de moulage, de dégagement, de restauration, taxidermie et photographie), ainsi que les locaux pour l’accueil des chercheurs de passage. Enfin il ne faut pas oublier le renouveau des Nouvelles Archives du Muséum d’Histoire naturelle de Lyon; relancées dès 1946 par son prédécesseur avec une parution irrégulière, à partir de 1971 elles deviendront un véritable périodique (avec 5 volumes parus en 1998).
Ce sont là les deux axes  majeurs de la carrière de L. David, dont je n’aurai donné qu’une vision incomplète. Il faudrait évoquer aussi son rôle dans la formation de générations d’étudiants dans le domaine de la Paléontologie et de la Biostratigraphie, et leur insertion dans le milieu professionnel, qu’il soit privé, académique ou celui de la recherche, dont plusieurs dans ce même  laboratoire de géologie et/ou le LA 11; également ses activités de recherche partagées entre la paléontologie des bryozoaires cénozoïques de tout le bassin méditerranéen et la géologie régionale lyonnaise, associant la cartographie et la géologie appliquée.
Louis David laissera une empreinte durable de son action dans la Géologie lyonnaise comme dans l’histoire du Musée d’Histoire naturelle de Lyon dont il aura connu la fin en tant que tel.

Lyon, le 08 Novembre 2016

Raymond Enay