L'image du mois

Géologie andine  Cordillera Huayhuash, dans le massif du Yerupará, au Pérou
Cliché MFa

Une image de géologie andine encore ! Proches de la vie primitive terrestre : les biocoenoses microbiennes de lac hypersalin de haute altitude dans la Puna Andine du NW de l’Argentine (Provincia de Salta) Exemple des «Ojos de Mar» de la Salina de Tolar Grande connexe du grand Salar de Arizaro

Clichés Marc Floquet

Les «Ojos de Mar» sont une forme de résurgence nourrissant épisodiquement la Salina et alimenté par la fonte des neiges qui recouvrent les sommets volcaniques environnants et dont les eaux sont très minéralisées après avoir lessivé les roches.
Depuis le rebord subaquatique de ces «Yeux de Mer» jusqu’à leur périphérie de plus en plus exondée et soumise à une évaporation de plus en plus intense (vue générale sur photo MFa), se succèdent :
- des stromatolites en «chou-fleur», en encorbellement du centre des «yeux», toujours subaquatiques (photo MFb ci dessous) ;
Stromatolithes en chou-fleur
Cliché MFb
- des mattes ou tapis stromatolitiques ondulants et fripés, en bordure directe des «yeux» épisodiquement sous pellicule d’eau ou exondée (photos MFc (ci-dessous) et a (ci-dessus). Une part des petits dômes résulte de la croissance intra-tapis de nodules ou amandes de sulfate de calcium. Les premières cristallisations de halite par évaporation se font dans de légers creux entre les dômes (photo MFc). L’aspect fripé des tapis, faits de matériel biosédimentaire à la fois cohérent, mou et souple, est dû autant à des petits glissements dans les bosses et creux des tapis, qu’à l’action du vent très sensible dans cette Puna sub-désertique et qu’au clapotis de la pellicule d’eau ;
- des croûtes de halite avec les fentes polygonales, en bordure plus éloignée des «yeux» et à exondations et évaporations prolongées (photos MFd, b et a).
Premières cristallisations de halite par évaporation entre les dômes
Cliché MFc

Croûtes de halite avec les fentes polygonales
Cliché MFd

De telles biocoenoses microbiennes (ou cyanobactériennes) peuvent donner une idée du développement de la vie primitive sur Terre car elles se forment aujourd’hui sous conditions environnementales presqu’«extrêmes», à savoir sous :
- climat aride (moins de 350 mm de précipitations), à forts contrastes journaliers de température (de -10°C à + 20°C en été et de -15°C à + 10°C en hiver) ;
- forte irradiance solaire (environ 165% des valeurs au niveau marin), particulièrement en UV-B, due à la position de haute altitude (3509 m) et basse latitude (24° 36' S) ;
- faible pression d’O2 ;
- peu de disponibilité en nutriments ;
- pH de 7.2, hautes teneurs en Mg (86 mg/l) et en Ca (256 mg/l) ;
- cristallisation de gypse (CaSO4, 2H2O) et halite (NaCl) avec la biogenèse stromatolitique.

Pour plus de données : consulter le site du «Centro de Investigaciones Geologica de la Universidad Nacional de La Plata-Conicet, La Plata, Argentina (grupo de investigation con Daniel Gustavo POIRE ; ref. : «Modern microbial mats from hypersaline lakes in the Puna, Andean Range, Argentina» from Poiré et al., 18th Internatioenal Sedimentological Congress, Mendoza, Argentina, 2010, p. 713)».


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